Au Labo Littérature, on manipule des matières textuelles souvent euphorisantes, toxiques parfois, neutres jamais. Fissions sylabiques, distillations langagières et cultures de néologismes se déroulent habituellement dans le secret et sous haute sécurité.
Pourtant, sur proposition du Vent Se Lève !, le labo littérature a ouvert sa boite de Pandore pour la première fois à quelques curieux qui n’avaient pas froid aux mots.
C’était l’occasion pour les laborantins de restituer leur travaux (ou du moins quelques effluves) et d’en dire un peu plus sur leur fameuse posture de recherche dont l’inventaire (non exhaustifs) se résume ainsi à ce jour par « des chercheurs qui cherchent à se sauver (pour ne pas devenir des mues de serpent), … »
Le samedi 5 avril 2015 inaugura cette première ouverture publique au Vent se Lève !, après dix-huit mois de labo. Le réflexe premier est d’en faire un petit bilan, de restituer les expériences, d’en produire une analyse. Mais nous ne tomberons pas dans ce piège :
- le labo littérature n’a pas été pensé en amont pour être restituer.
- le labo littérature n’a pas pour objet la production de quoi que ce soit.
- le labo littérature ne sait pas ce que c’est la littérature.
- le labo littérature souhaite rester un labo de recherche fondamentale.
- le labo littérature fonctionne en creux plutôt qu’en plein.
- le labo littérature tente, risque, rencontre, rate.
Une fois dit cela, que faire au moment où les portes du labo s’ouvrent ? Laisser continuer. Remettre en jeu. Mettre du jeu. Avec l’hypothèse que la démarche, les idées, les pistes, les postures réapparaissent sans que l’on s’y attende. Pour ce faire nous avons inventé une modalité de rencontre littéraire au nom de LIVRE IMAGINAIRE, une vraie-fausse discussion sur un vrai-faux livre écrit par un vrai-faux auteur.
Faute de bilan nous nous sommes bien marré et c’était ça l’essentiel. Mais pas que : des idées jadis débattues, des références jadis énoncés, des textes jadis écrits ou lus par certains d’entre-nous sont remontés à la surface. En somme, un vrai labo qui avait plutôt l’apparence d’une performance collective qu’un bilan, une expérience qui a même trouvée prolongation puisque quelques laborantins se sont amusés à retranscrire la rencontre, à la résumer ou à écrire une vraie texte sur ce faux livre en jouant avec les codes et les figures du discours littéraire. On se sera marré jusqu’au bout.
Pour le labo littérature,
MC Louis et MC Joël,
20 juin 2015
1ère mise en ligne le 06 juillet 2015 et dernière modification le 6 février 2016