Joël Kérouanton
  • Écrivain
  • Atelier Écrire dans la ville

Effluves pragmatique par MC E. et MC J.

▪le lieu du labo. Tip top ! Une grande nouveauté pour beaucoup de travailler dans une librairie, d’y déambuler comme si c’était « notre domicile ». Des livres partout, quoi de mieux pour écrire lire parler ? A l’unanimité on aimerait que le prochain temps de labo ait lieu à l’Embarquadère. Être à Saint-Nazaire n’a pas empêché trois personnes de se déplacer d’île-de-France.

▪le Vent se lève. N’ont pu être présent, mais soutiennent toujours cette initiative, tant dans la forme que sur le fond. Dans le cas où nous « persistons » à Saint-Nazaire, l’idée est qu’une fois l’an nous venions au Vent se lève présenter publiquement nos travaux : montrer ce qu’on veut montrer, dire ce qu’on veut dire, dans la forme souhaitée. Nous n’avons de contraintes que celles qu’on voudra nous donner. Savoir qu’à un moment de l’année nous pourrions présenter là où nous en sommes nous semble assez stimulant. Et puis on peut voir ça qu’autrement qu’une contrainte : on y mettra du ludique, les jeux W sont là pour ça…

▪création littéraire et outils informatique. La dernière fois (28 février-01 mars) on n’avait pas pu lire et rencontrer tout le monde, donc on a voulu trouver un moyen de le faire cette fois ; on voulait aussi donner une place aux absents, c’est pourquoi on a pensé aux outils collaboratifs comme framasoft qui permet d’ouvrir un « pad » très facilement (pad : logiciel d’écriture en ligne et collaboratif). Puis on s’est dit qu’on pourrait s’en servir en direct pour qu’éventuellement les absents réagissent en directs aussi et soient finalement avec nous. Puis on a voulu imaginer aussi un espace où on pourrait déposer les textes qu’on s’échange, qui serait notre « lieu », notre « bureau », (une sorte de plateforme accessible à tous = google drive) tandis que le framasoft serait notre espace de travail.  Les avis sont partagés au  sein du labo quand à l’utilisation de tels outils : « c’est top, on peut  réagir sur un texte à l’écrit simultanément avec une autre personne ! » / « pourquoi se compliquer la vie, et ne pas utiliser un crayon et une feuille ? » / « ça donne une trace du travail réalisé, que l’on peut consulter ultérieurement » / « les chercheurs qui n’ont pu être présents peuvent suivre le déroulé des opérations » / « la logistique est lourde et longue à mettre en place » / « par la fonction « historique dynamique » sur framasoft, on peut refaire le trajet des écritures ». En synthèse on pourrait dire ceci : nous avons expérimenté le numérique sur des textes courts et le papier sur des textes longs, l’un et l’autre ne sont pas incompatibles. Ce qui poserait soucis serait une utilisation exclusive de l’un ou l’autre.

▪lire c’est écrire, écrire c’est lire. Nous avons passé les deux tiers du temps à lire les travaux des autres, dans le silence de la librairie, tantôt assis sur des chaises, tantôt allongés dans des transats ou sièges de cinéma. Lire les travaux des autres, ce fut une façon de se rencontrer. D’aucuns diraient que ce labo était le lieu de « rencontres textuelles ». Se rencontrer par les textes évite les présentations de nos fonctions & co, ça dit tout de suite que le texte l’emporte sur nos vies qui sont parfois denses, belles, joyeuses, parfois pas. Par contre, des vies pas joyeuses n’empêchent pas le texte de l’être.

▪prendre le temps (laisser Chronos au vestiaire). Le temps du labo est bref, aussi l’idée est de proposer, pour ceux qui le souhaitent, de transmettre en amont son texte, de façon à ce que chacun puisse en prendre connaissance. Le temps du labo pourra dès lors mettre davantage l’accent sur l’échange que la lecture individuelle. Mais ces moments de lecture individuelle dans un temps collectif furent beaux, aussi, il peut-être pas mal de préserver un peu ça. Ça crée de la fluidité, de la libre circulation, des rencontres chuchotées… Par contre, on constate qu’aucune personne « absente » n’a transmis de texte au collectif du labo « présent ». Cette idée n’est peut-être pas pertinente pour l’instant, car beaucoup ne se connaissent pas… et on ne transmet pas comme ça un texte à des inconnus…

▪plateforme d’échange. Pour échanger nos textes (des écrits persos ou des textes issus d’ouvrages /revues qu’on souhaite partager), l’idée générale est de créer une plateforme d’échange, type moddle, ce qui évite aussi les embroglio de mail. Danièle Chabrier se propose d’ouvrir cet outil sur le net. Nous pourrons y mettre nos textes, mais aussi d’autres médias liés (voix, dessins…). Nous pourrons aussi signifier la forme des retours attendus (commentaires dans le texte ou après…). Nous pourrons dialoguer entre-nous, sans passer nécessairement par les MC… Au sujet de l’intitulé de la plateforme, on a évoqué « labolitt », diminutif de labo de littérature… pourquoi pas, mais on oublie la partie création littéraire. Au labo on n’étudie pas la littérature (éventuellement on la discute) mais on la fait, , il y a là, nous semble t-il, une nuance.

▪les MC. ils ont beaucoup apprécié de travailler en binôme. Parce qu’à deux c’est moins difficile que seul, et que mine de rien mettre en œuvre le labo nécessite pas mal de réflexion et d’organisation. La prise de risque dans les propositions paraît plus importante en binôme…La proposition pour les prochains temps de labo est qu’un des deux MC le soit de nouveau avec quelqu’un d’autre, de façon à ce qu’il y ait transmission, passage de relais. Les MC font le compte rendu, sous une forme libre. Les MC font partie intégrante du labo, au même titre que les autres participants. Ils insufflent seulement des formes de travail. Mais ce rôle demande un travail pratique, peut-être parfois une prise de recul pendant le déroulement du labo : il est parfois difficile de jouer ce rôle en même temps que de participer, d’où par exemple la difficulté de lire tous les textes et d’en faire un retour.

▪prise de risque. À partir d’une idée toute simple (chacun rencontre chacun en binôme lors d’un speed-pading littéraire), nous avons passé des heures à faire des combinaisons mathématiques (aidés par quelques personnes qui ne participaient pas au labo)… pour constater que la proposition a volé en éclat dans la mise en œuvre. Mais la proposition a eu le mérite d’exister, et rien n’est certain que sans elle les échanges auraient pris cette forme aussi fluide. Une frustration tout de même de ne pas avoir pu lire et échanger sur tous les textes, de ne pas avoir pu creuser certaines choses en binôme. Cela reste possible après le labo, à l’initiative de chacun, dans un cadre pas organisé.

▪tontine. L’idée proposée en mars 2014 était de faire une petite caisse commune pour alléger les frais de transport des personnes qui viennent de loin. On proposait à chacun d’y mettre 5 euros. Nous avions l’intention de discuter de la tontine de ce labo (35 euros) lors de la discussion finale au café, mais la discussion a dérivé sur autres choses et on s’est retrouvé avec cette somme sur les bras. Proposition : on garde ces 35 euros au chaud, on en parle la fois prochaine, ça peut dépanner si un chercheur qui vient de loin a des soucis pour payer son transport. L’idée à long terme est de pouvoir organiser le labo sans que cela nous coûte de l’argent = trouver un appui financier pour défrayer les transports et autres petits frais inhérent au travail collectif (boissons, gâteaux secs, impression, location de micro, …). Soit environ 500 euros par labo.

▪librairie. L’Embarcadère loue l’espace de l’étage 70 euros / jour, soit 140 pour deux jours. Elle a proposé un « troc » de façon à ce que nous puissions venir sans dépenser une telle somme : Joël a donné un coup de main pour installer la fête de l’été la semaine précédente, Danièle Chabrier viendra en septembre (le 13 précisément !) réaliser de menus travaux… nous avons aussi fait un peu de ménage et vaisselle en arrivant. Beaucoup d’entre-nous ont acheté un ou plusieurs livres. Dans le cas où nous demandons de revenir, restera à inventer la forme du troc à proposer.

▪réticence. Certains participants étaient un peu déboussolés par l’approche proposée : pas de thème ni de consignes mais un « dispositif » de rencontres autour de textes apportés par chacun. L’approche par thème et consignes est classique des ateliers d’écriture, et c’est ce que nous ne voulions pas. Ce que nous cherchons est une ambiance propice à la plongée dans la création littéraire (lecture, découverte, écoute, errance, lire et se faire lire), plongée qui ne se passe pas seulement in situ mais avant et après, tel un compagnonnage collectif. Les consignes peuvent être opérantes pour certains, peut-être, mais beaucoup ont des travaux déjà importants à partager, des projets de publication qui ne nécessitent pas de consignes particulières mais plutôt des lecteurs. On peut dire que ces travaux ont déjà trouvé leurs « consignes intérieures », leur « moteur intérieur », leur « rampe de lancement ».

▪questions récurrentes. Même si il n’y a pas de thème, il y a malgré tout et malgré nous des questions récurrentes comme le rapport à la création littéraire. La pad regorge de questions, remarques, réflexions évoquant cela.  Chaque texte pose une problématique littéraire : on a essayé de la formuler… c’est l’objet des derniers effluves de ce labo, un peu comme un manifeste.


Effluve poétique par MC E.

Effluves manifestes par MC J.