ENTRETIEN AUTOUR DU LIVRE « BALISES XP », OUEST-FRANCE | 04 JANVIER 2010 | PAR JEAN DELAVAUD
Qui est Joël Kerouanton ?
Né en Bretagne en 1968, il a longtemps conjugué son travail d’éducateur spécialisé en CAT (Centre d’aide par le travail) à celui d’auteur. Il ne se consacre plus désormais qu’à l’écriture. Quant à la raison de sa présence ici : « J’avais envie depuis longtemps d’écrire sur la question scolaire. J’avais deux options : le faire seul ou en relation avec un lieu et des gens. L’écriture est pour moi issue du lien qu’on peut tisser avec les gens. J’ai frappé à la porte du lycée expérimental ». La mise en place de l’opération a duré environ deux ans, le temps nécessaire, notamment, à son financement.
Comment va se dérouler cette résidence d’écriture ?
Pendant trois ans, à raison de quelques jours par mois, Joël Kerouanton va travailler avec des lycéens volontaires. Au centre de leurs échanges, « une expérience du regard créateur autour d’oeuvres du spectacle, des arts plastiques, livresques », comme l’explique Nicolas Novion, professeur de philo, l’un des enseignants concernés par le projet. Il s’agira pour les lycéens de traduire leurs rencontres avec l’art sous forme écrite. Car l’établissement s’est assuré le partenariat du théâtre Athenor, du Grand café pour l’art contemporain et de la Maison des écrivains (Meet) pour la littérature. En prévision des futurs travaux, un groupe s’est par exemple intéressé, le week-end dernier, à Meeting. Ce sera aussi « un véritable travail sur la langue qui casse le mythe d’un certain don d’écriture » tout en « désacralisant l’artiste ».
Quel est l’intérêt pédagogique ?
Pour les enseignants, cette résidence d’artiste rejoint la pédagogie pratiquée au lycée expérimental, où les élèves sont acteurs de leur propre apprentissage et où on parle beaucoup de « réception du savoir ». Et pour Nicolas Novion, « la réception des oeuvres d’art ne se fait pas d’une manière passive mais par un regard créateur », qui pourrait consister à construire son propre savoir en se confrontant à celui des autres, les artistes en l’occurrence. « Le regard créateur, ajoute l’écrivain, cela peut être libérateur en terme d’énergie et d’imaginaire ». Côté lycéens, comme l’explique Glenn, l’un d’eux, les motivations peuvent être de « s’investir dans le lycée, retranscrire la vie qu’on a, de s’intéresser à l’écriture ».
Des publications sont à venir
Dans un opuscule intitulé XP, Joël Kerouanton explique comment il sera « le spectateur et le scripteur d’une performance en milieu artistique » (éd. Nuit Myrtide, 2009, 54 p. 8 €, en vente à la librairie Voix au chapitre). Chaque année sera par ailleurs publié un livre « balise » rendant compte des travaux. Et un document final, sur lequel le groupe et l’écrivain ont d’ores et déjà commencé à plancher, serait confié aux éditions l’OEil d’or.